samedi 28 juin 2014

Racisme...


L'autre jour, je discutais avec mon pote Youssef, qui vient d'avoir son concours et qui devient Inspecteur de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Il m'annonce qu'il va devoir changer de région. « Super ! », lui dis-je, « tu vas choisir quoi le Sud ? ». « T'es fou ! » qu'il me répond, « je vais demander Lille ou la Bretagne... ».
Interloqué je lui demande les raisons de ce choix et il m'explique que ce sont effectivement des régions où le racisme est un peu moins présent et que pour lui et ses enfants à l'école, il est temps de changer d'air car Rhône-Alpes commence à vraiment trop sentir « l'identité nationale »…
Putain, j'en suis tombé sur le cul… moi qui ai toujours eu les idées que j'ai et qui vis dans un milieu plutôt épargné par le racisme, la vérité et la réalité me revenaient en pleine gueule...

Cela fait maintenant 5 ans que je n'ai plus la télé, que je n'écoute plus la radio et que je ne lis plus la presse, même sur Internet, j'évite tout site qui pourrait m'amener trop d'infos… et comme ça j'avais réussi à me créer un petit cocon, où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, et où j'étais si peu confronté au racisme que j'avais complètement oublié que ça existait…
Et depuis quelques temps que je me suis remis sur Facebook, uniquement pour partager ma passion qu'est la pêche à la mouche, de plus en plus je vois qu'untel « aime » l'affiche « les Algériens rentrez chez vous », unetelle « aime » l'affiche « la France, tu l'aimes ou tu la quittes »… Et ces gens là, je les ai demandé comme contact ou je les ai accepté en contact…
Eh oui fallait pas que je me fasse trop d'illusions, même dans le milieu de la pêche à la mouche, que je pensais un peu plus épargné que d'autres styles de pêche, le racisme s'insinue et continue son inexorable progression…

Récemment Caro, une très bonne amie, me conseillait d'améliorer mon côté sociable, et en gros de « sortir de ma grotte » !! Ce que je commence à faire et je l'en remercie, mais l'autre facette de cette sociabilité c'est d'être confronté à nouveau à tout ce qu'on exècre et de devoir retourner dans le combat, alors qu'on l'a sciemment quitté, peut être un peu par lâcheté, d'ailleurs...
Durant des années, j'ai été engagé dans différents combats (politique de la France en Afrique, génocide au Rwanda…) et je me suis épuisé à me battre contre des moulins, si bien que j'en ai malheureusement perdu la hargne que j'avais.

Mais bordel, qu'est ce que vient faire le racisme dans la pêche ??? si il y a bien une activité qui est partagée par tous les pays et toutes les cultures du monde, c'est bien la pêche !! on pratique tous la même activité qui est d'essayer de leurrer un poisson et de l'attraper, chacun avec des desseins différents… et Mohamed dans son ruisseau de l'Atlas fait exactement la même chose que Jean-Pierre avec sa canne à mouche dans sa rivière « nationale »…

Au delà du racisme, il y a un problème largement plus grand dans le milieu de la pêche, c'est celui de la discrimination en général.
Les moucheurs qui critiquent les tocistes, les leurristes qui maudissent les carpistes, les afficionados du no-kill qui s'offusquent du moindre poisson tué… la liste est longue !
Mais les pêcheurs sont aussi « racistes » avec leurs prises… qu'est ce que je déteste voir un moucheur s'escrimer sur un gobage, prendre le poisson, s'apercevoir que c'est un chevesnes et le rebalancer à l'eau comme s'il s'agissait de la plus immonde merde qu'il ait tenu entre les mains… Certains font même ça avec les poissons « nobles » (truites, ombres, brochets) lorsqu'ils ne font pas la maille ou la taille désirée, ou lorsqu'ils ne sont pas de vrais autochtones (cassage de dos des arc-en-ciel et des « danoises »)…
Putain, mais réfléchissez les gens, ça vous apporte quoi ???

Au final, tout cela n'est que mépris et manque de raisonnement…

La pêche est en train d'évoluer vers de plus en plus de respect, notamment envers nos « compagnons de jeu » que sont les poissons.

Faisons en sorte de faire évoluer les mentalités en même temps, allez voir des vidéos de pêche filmées à l'étranger, utilisez Facebook, pour vous faire des contacts en dehors de vos frontières plutôt que de publier des saloperies qui ne peuvent qu’attiser la haine et la violence...

Messieurs les guides de pêche, vous qui avez un peu d'influence dans ce milieu, pensez aux gamins qui vous suivent et vous idolâtrent parfois, ne publiez pas n'importe quoi (vous pouvez penser ce que vous voulez, je m'en fous, mais ne l'étalez pas sur la place publique !), et soyez de vrais modèles pour ces futurs pêcheurs… Des modèles pour la pêche, mais aussi des modèles d'humanisme, d'altruisme...

dimanche 22 juin 2014

Intermède...

Pas beaucoup de pêche ces temps-ci, pas de possibilité de long week end pour partir, donc je ronge mon frein... Pour patienter je monte des mouches. J'ai d'ailleurs "dépoussiéré" mes boîtes de centaines de modèles... trop vieilles, trop usées, trop moches !! afin de faire de la place pour de nouveaux modèles.

Ce samedi, c'est barbecue de prévu chez un pote à Chambéry , je dois passer récupérer Guillaume à midi, donc en partant un peu plus tôt j'ai le temps d'aller faire un petit tour en Savoie.
N'ayant pas prévu de plan spécifique (en fait sur le trajet je regarde d'abord le niveau du Guiers depuis le pont, puis ensuite je monte voir celui du Thiers, pour imaginer quel scénario sera le meilleur) je mets dans la voiture, mes waders, mon gilet et ma JMC Compétition 7'6'' #3, me disant que c'était un bon compromis.

Arrivé vers le Guiers, je me rappelle d'un spot ou il y a quelques très belles arc en ciel, qui commencent à devenir bien aguerries. Je lève les yeux vers mon "sèche-mouche" (le plafonnier de la voiture) et vois 2-3 streamers qui m'inspirent...
Allez c'est décidé, tant qu'à se faire plier un peu de carbone autant se marrer en faisant n'importe quoi et en pêchant fin sur du matos ultra-léger !! Un bon moyen pour s’entraîner au ferrage en pêchant au stream (j'ai cassé beaucoup trop de poissons en ce début de saison...).
Je monte ma canne, laisse intentionnellement la pointe en 14/00 qui m'avait servie pour la nymphe au fil lors d'une dernière sortie et monte un streamer, pas trop petit non plus (ham. 6), plombé en bucktail rouge et blanc.

La suite en images :


En quelques heures de pêche je prendrai 4 belles arcs, dont 2 de plus de 50cm...

C'est pas très glorieux, mais ça fait du bien !!!

Et puis ça me permet de m’entraîner avec la nouvelle caméra offerte par ma mère (Merci beaucoup Mère ;-) )

mardi 10 juin 2014

Toujours le Jura...



Allez je continue mon périple de la découverte des rivières mythiques du Jura, cette fois ci 3 jours sur la Haute Rivière d'Ain. 


L'objectif : prendre une grosse truite en nymphe à vue !!!




Cette rivière est magique…

D'une beauté à couper le souffle et d'une richesse incroyable, à peine étais-je arrivé au bord de l'eau que je commence à repérer mes premiers poissons qui nymphaient sur une gravière claire dans 20cm d'eau. De belles truites ! Au moins 40 cm… Je me pose alors discrètement sous un saule à portée de canne de ces poissons qui s'activent à prendre des larves qui dérivent dans le courant ou qui vont carrément les déloger sous les cailloux, faisant alors briller leur flanc doré et strié des fameuses 3 bandes noires des poissons autochtones.


Une fois en place, j'attends un petit quart d'heure en faisant le héron puis je remarque quelque mètres au dessus de moi un remous en bord de berge, comme un petit ru qui se jetterait là, assez constant, mais je ne remarque pas de filet d'eau qui arrive de la berge… je bloque mon regard sur cet endroit et vois un énorme dos qui dépasse de 5cm de la surface… c'est une truite énorme, qui nymphe à 10cm de la berge ! Elle fait au moins 60 ! pour la première fois, et ce sera loin d'être la dernière, mon cœur s'est arrêté pendant au moins 30 secondes ! Le temps de reprendre mes esprits et du plus discrètement que je pouvais (j'ai du mettre 3mn pour parcourir les 3m qui me séparaient du poisson) et je l'attaque. Pour la première fois de ma vie je voyais une aussi grosse truite sauvage à moins de 3m, un spectacle absolument inoubliable…

Dans ces conditions, impossible de sortir de la soie pour fouetter (déjà rien que le mouvement effraierait le poisson) et pas question d'agiter l'eau avec un roulé. La seule solution reste l'arbalète, mais il faut être à moins de 5m du poisson car on ne peut le pêcher qu'avec un peu plus de 2 longueurs de cannes… Je sais donc que je ne vais pas pouvoir faire 10 passages sans effrayer le poisson et il faut qu'elle prenne au premier… Je prends mon imitation de gammare entre mes doigts, bande ma canne et propulse ma mouche 50 cm au dessus de la branche sous laquelle nymphe mon poisson et laisse descendre ma nymphe. Arrivé à 20 cm du poisson, j'effectue une courte animation qui fait tourner la tête de la truite qui commence à se déplacer un peu latéralement et se rue sur ma nymphe. Ferrage ! Casse !!!



Fallait quand même pas rêver, c'est pas en mettant le pied au bord de la rivière que t'allais immédiatement faire la plus grosse truite sauvage de ta vie en nymphe à vue !!!
Mais du coup après ce premier essai, je me suis mis à remonter la berge très doucement et là, ça a été le plus gros trip de ma vie… sur 300 mètres de rivière, j'ai du voir au moins 60 poissons, une trentaine de plus 50 et 3 de plus de 65cm. Pas tous pêchables et bien entendu aucun attrapé ! En revanche j'ai réussi à faire se déplacer quelques très beaux poissons, mais mes présentations manquaient de finesse.



J'ai fini la journée à me casser les dents à essayer de faire quelques grosses truites qui « gobaient », mais qui je pense gobaient tout et n'importe quoi sauf ma mouche… il y avait pourtant une super éclosion de danicas, mais même en émergente et nymphe légère, pas moyen… Jusqu'à ce que, va savoir pourquoi, une finit par monter sur une peute que j'ai mis en désespoir de cause, je la ferre, le poisson part immédiatement direction le courant, c'est du gros ! Je l'entraperçois qui file au dessus d'un banc de graviers elle fait au moins 60 !!! avec mon 12/00 qui m'a déjà valu bien des déconvenues, j'essaie de ne pas trop la brider et la laisse partir dans le courant… bien mauvaise idée que j'ai eu là : un p'tit tour derrière un rocher et Schtinggggg !!! plus personne !
Mais finalement, le pire dans cette histoire c'est que la veille, l'attache de mon épuisette avait lâché, le piton avait tellement rouillé que j'ai retrouvé mon épuisette dans un buisson de ronces en remontant à la voiture… donc plus moyen de l'accrocher et pour le reste du séjour j'allais devoir la porter à la ceinture, jusqu'au combat avec ce poisson où j'ai du le suivre dans l'eau jusqu'à la poitrine… et bien entendu en sortant de l'eau plus rien à la ceinture ! C'était la première épuisette raquette en bois que ma mère m'avait offert en 1994, j'avais refait le filet dessus au moins 5 fois !




Le lendemain matin a été à peu près le même scénario, tout un tas de gros poissons dehors pendant quelques heures, encore des poissons cassés ou décrochés, dont une belle d'au moins 60 décrochée en Nymphe à vue, le seul poisson du séjour que j'ai pu attaquer en déroulant un peu de soie !
Au final, l'objectif n'est que partiellement atteint, j'ai fait bouger de très grosses truites en nymphe à vue, j'en ai cassé certaines, décrochées d'autres et beaucoup m'ont ri au nez quand elles ont compris le subterfuge.



En 3 jours, ça peut paraître incroyable, mais une sorte de relation s'est créée avec ces poissons, à force de les voir tous les jours, de les observer longtemps, la plupart du temps « les yeux dans les yeux », ça créé des liens…
Notamment une, juste avant de partir, qui est venue nympher dans mes pieds alors que j'avais avancé un peu pour attaquer un poisson plus lointain, et qui est restée là, à 50 cm de moi, pendant au moins un quart d'heure, jusqu'à ce que j'arrête de trembler et que pratiquement sans bouger je parvienne à changer ma mouche pour lui faire tomber sous le nez… mais rien que le fait de bouger la canne l'a fait fuir ! Elle dépassait les 60 !




Mon dernier souvenir sera une truite du même gabarit calée le long d'un tronc dans 40 cm d'eau à 50 cm de la berge. Les gammares (des milliers en flot continu, j'avais jamais vu ça!) avaient leur route le long de ce tronc et elle était en plein milieu, en sens inverse de la circulation et tapait dedans goulûment et frénétiquement sans pouvoir s'arrêter. Au début, je pensais même que ce poisson attaquait des fourmis ou autres insectes terrestres parce qu'à plusieurs occasions elle a carrément sorti la tête de l'eau pour la poser sur le tronc !
J'ai essayé de la faire, mais mon gammare à moi était bien trop gros (ham. 16) par rapport à ceux sur lesquels elle festoyait qui étaient minuscules), et les seules fois où j'ai réussi à faire passer ma mouche entre les branches pour lui poser devant, j'ai d'abord essuyé un refus puis après le poisson a fui, 4 fois, mais 4 fois il est revenu en place pour continuer de se goinfrer en moins de 5 minutes !!
Mémorable !!!




La victoire du séjour, tout de même, fut avoir réussi à faire comprendre à Polux, malgré son grand âge (et surtout son foutu caractère!) qu'il fallait qu'il reste derrière moi pendant que j'approchais les poissons, car je vous garantis qu'au départ, c'était un vrai handicap !!!
Et à la fin du séjour, il faisait son « nid » contre les berges abruptes, dans les racines découvertes à 1m50 du sol, attendant que j'ai fini de prospecter le coin...
je ne sais toujours pas s'il se prenait pour un oiseau ou un léopard !