samedi 31 mai 2014

Un perpétuel apprentissage...



Ce que j'aime particulièrement dans la pêche à la mouche, c'est que, bien que pêchant depuis plus de 20 ans, j'apprends toujours, et pratiquement tous les jours. De nouvelles techniques, de nouveaux poissons, du nouveau matériel, de nouvelles rivières et plans d'eau…
C'est fou comme, d'une rivière à l'autre, selon la topographie, l'environnement et divers autres facteurs, les truites peuvent avoir un comportement différent. Et à chaque fois il faut réapprendre à pêcher.
D'abord observer, essayer, questionner, se remettre en question et au bout de quelques sorties au même endroit, on commence à ressentir la rivière et les poissons, adapter son schéma mental. On commence alors à comprendre la rivière. La connaissance est encore loin, il faut des dizaines d'années d'évolution avec une rivière pour pouvoir prétendre « la connaître comme le fond de sa poche ».



Lors de ce séjour sur la Bienne, j'ai vraiment beaucoup appris. Moi qui suis plutôt un pêcheur de moyennes rivières et ruisseaux, mon point faible est la pêche en grandes rivières. Je me « casse régulièrement les dents » sur la basse rivière d'Ain, mais pour autant j'ai envie de connaître et pratiquer ces grandes rivières, où les poissons de belle taille sont un peu moins rares que dans nos petites rivières et ruisseaux de plaine. C'est pour cette raison que cette année, je vais essayer de me dégager du temps, peut-être aller un peu moins pêcher le brochet, pour pouvoir me perfectionner dans la pêche sur ce type de rivières. Nymphe à vue, au fil, sèche et streamer essentiellement.

Me voilà donc parti, à l'occasion de ce pont, 2 jours sur la Bienne, dans le Jura. Lors de ma précédente sortie avec Jérôme, j'avais déjà commencé à entrevoir qu'il fallait que j'aborde la pêche bien différemment de celle que je pratique sur le Guiers, par exemple. Ici, Les truites gobent parfois dans un gros courant large de 50m dans 20 cm d'eau, ou nymphent sous un rocher sous vos pieds…



J'arrive donc au bord de l'eau en fin de matinée, l'eau est encore haute de la pluie qui a sévit quelques jours plus tôt, et un peu teintée. Je commence avec une descente au streamer qui ne donne pas grand-chose, juste une tape assez violente… il faudra qu'un de ces quatres je vienne spécifiquement pour pêcher au streamer, mais on verra ça dans quelques temps, quand j'en saurai un peu plus sur cette rivière. 
 

Pas de gobages en vue, la pêche en nymphe au fil paraît bien aléatoire… Je décide donc de remonter tout doucement une rive et de voir ce qui se passe dans ces enrochements de bordure. A peine les pieds dans l'eau, j'avance d'un mètre et me trouve nez à nez avec un poisson qui gobe à moins d'un mètre de moi dans un espace de 15 cm entre 2 rochers, sous les saules… un peu de plus et je lui marchais dessus ! Je suis bien trop près pour le pêcher correctement en sèche et si je recule ou que je bouge, elle va se caler sous sa pierre… j'opte donc pour lancer ma sèche à l'arbalète, sous le saule et entre les 2 rochers… au premier passage dans la bonne veine d'eau, je vois la truite monter de je ne sais où et taper dans la mouche . Surpris, je la manque… je refais passer des sèches différentes, mais rien. Je me dis alors qu'elle se déplacera peut être pour une petite nymphe. Je change ma mouche, et pas manqué au premier passage avec une petite cuivre en 16, je vois le poisson ressortir comme par magie dans cet espace pour le moins réduit. Ne voyant pas vraiment ma nymphe à cause de la turbidité de l'eau je ferre à l'instinct. Pendue ! La truite file sous son rocher, puis part en direction du courant. 
Qu'est ce que j'aime ça, ces poissons qui prennent de la soie et qu'on est obligé d'affronter au moulinet ! Après un joli combat sur du 12/00 (confortable, mais pas serein!) la belle finit dans l'épuisette. Environ 45 cm (à vue de nez car je ne mesure pas les poissons, le plaisir que j'ai à les berner et à les ramener importe plus que le nombre de centimètres !). Un super départ, j'en crois pas mes yeux, comme ça à 10 cm du bord entre deux rochers, à l'arbalète ! 


Je continue la remontée et remarque un autre gobage dans la même configuration, quelques dizaines de mètres plus haut. Je remonte tout doucement, me place, mets une petite sèche. Premier passage, le poisson curieux monte voir, fait un remous sous la mouche… rebelote ! Je ressors donc la cuivre, me rapproche et la pêche comme la première. Premier passage c'est pris ! Un peu plus grosse que la première, j'exulte, ces truites et leur robe sont magnifiques, ça y est c'est fait, je suis addict ! 



Je continue la remontée et refais un autre poisson du même gabarit, mais cette fois en sèche, d'un peu plus loin en aval.


 Si j'avais pêché « comme d'habitude », j'aurais attaqué par la rive d'en face, et primo, j'aurais sûrement jamais distingué ces gobages sous les branches, et quand bien même, secundo, je n'aurais jamais pu faire un passage à cette distance (plus de 20m même en entrant dans l'eau au max) dans les 15 cm en question sans draguer…

Souvent je regardais d'un œil curieux ces pêcheurs qui remontaient les berges comme des hérons… maintenant, je comprends mieux !!!

Le coup du soir se fait sentir, je descends sur un plat où la dernière fois j'avais fait un poisson et vu pas mal de beaux gobages. Je m'assois sur la rive, les pieds dans l'eau, devant moi sur 20m, une gravière de 40cm de profondeur, un grand lisse et la berge d'en face avec ses arbres tombés et le courant qui s'amorce, là où mes yeux sont fixés. J'attends une bonne demie heure, rien. Tout à coup à 2 m devant moi un gobage… je n'en crois pas mes yeux ! Je ne peux pas bouger, ou une fois encore je vais lui marcher dessus ou la faire fuir ! Je sors donc tout doucement 2-3 mètres de soie après mon dernier anneau et lance en roulé. Posé. Gobage. Pendue ! Une belle un peu plus petites que ses frangines de l'après-midi. C'est le seul et l'unique gobage que j'ai vu ce soir là !



Il est temps de rentrer à la voiture, préparer le feu et le bivouac. C'est pas tout mais ça creuse, les émotions !! Quelques saucisses, nuit dans la voiture sur le plancher du bateau (un poil dur tout de même!) et le lendemain matin aux aurores, on y retourne !
 


 

 

L'eau a baissé encore un peu et s'est bien éclaircie. Je fais une descente au streamer, toujours rien. Je décide de remonter la berge comme je l'ai fait l'après-midi de la veille, mais la lumière ne me permet pas de voir correctement, même avec les polarisantes. Pas d'activité apparente, pas de gobages. Je décide de pêcher en nymphe à vue et de faire passer ma mouche le long des rochers histoire de décider une belle a sortir. Une fois dans l'eau je commence à pêcher le long des roches, et au premier passage je me fais surprendre par un poisson qui est arrivé du côté inverse de celui duquel je l'attendais. Je ne l'ai pas vu arriver, car au-delà de l'ombre portée par les saules, le soleil fait briller la surface et on ne voit que dalle. Bref cette truite est arrivée comme une balle, j'ai du la ferrer avec 2 secondes de retard tellement j'ai été surpris ! Et ce n'était que le début de la débandade… les poissons qui paraissaient si conciliants la veille (ils étaient certainement moins méfiants à cause du niveau d'eau) allaient me faire la misère aujourd'hui…

J'ai donc changé mon fusil d'épaule et à la place de la nymphe à vue (vu qu'on y voit rien !) je vais refaire la berge en nymphe au fil cette fois ci : Je me suis fait casser 2 fois, manqué 2 poissons et décroché un autre…

La journée avance, je remonte la rivière sur environ 600m pour aller me placer sur un pool où la dernière fois j'avais touché des poissons en sèche. J'arrive, rien. Je m'assoie sur la berge une petite demie-heure. Toujours rien… Vu la configuration, le niveau et les mouches qui passent, c'est absolument impossible qu'il n'y ait pas d'activité. Je décide alors de rentrer dans l'eau sur une quarantaine de mètres, dans un courant soutenu pour aller inspecter la berge d'en face contre une mollasse, avec les branches qui tombent sur l'eau. Je réussis tant bien que mal à me positionner à 20 m de la berge, sans me faire emporter par le courant… le moindre caillou qui roule sous mes pieds peut me faire benner. Je reste quelques instant à scruter la berge quand enfin j'aperçois ce que je cherchais… un gobage… enfin pas vraiment : LE gobage, vous savez celui qu'on ne voit pas, n'entend pas, celui où le poisson, généralement de belle taille, sort juste le bout de son museau de l'eau et aspire la mouche qui passe, en faisant juste une légère strie à la surface derrière lui… Et bien entendu cette foutue truite gobe derrière une branche, dans un contre-courant à plus de 20 mètres, et moi qui suis en équilibre dans ce courant, l'eau à ras les bretelles du wader… c'est pas gagné ! J'attaque donc ce poisson, le vent se lève, le temps passe à l'orage, mais le poisson continue de gober. Après une vingtaine de passage infructueux, j'ai du raccourcir mon bas de ligne au maximum pour pouvoir poser correctement contre le vent, je change de mouche, relance et cette fois, le poisson monte et gobe ma mouche. J'ai un mou énorme dans ma soie que je laisse partir dans le courant pour éviter de draguer top vite, je ferre hyper précautionneusement pour pas rajouter trop de pression sur le 12/00 et… rien. Même pas senti le poisson… en revanche lui a du comprendre parce qu'il n'est jamais remonté ! J'attends une heure en me disant qu'il allait peut être se remettre à table, mais que dalle… Je commence à redescendre pour traverser la rivière et aller sur un autre coin, quand tout à coup du coin de l'oeil, je revois mon gobage 20 m plus haut le long de la berge contre une branche. Je retraverse, me repositionne dans ce courant énorme et repêche mon poisson, j'arrive à faire un posé correct au bout de quelques essais qui passe parfaitement, exactement dans la veine d'eau où se trouve le poisson (et croyez moi qu'avec le vent à cette distance, c'est pas de la guimauve !) le poisson monte, inspecte la mouche : Refus… je ne la reverrai jamais, elles s'est calée et n'a plus gobé. Sacrément malins ces gros poissons ! 

Je finirais au coup du soir sur le seul poisson de la journée qui a bien voulu se montrer magnanime avec moi, en sèche en queue de pool, là où le courant commence à friser la surface. Un poisson à la robe magnifique d'environ 50 qui viendra clôturer ce séjour. 








Je repars à la nuit, complètement épuisé par ces 2 jours de pêche intensive, mais avec le smile, heureux d'avoir appris encore plein de choses, d'avoir compris un peu mieux la rivière et en plus d'avoir touché mes 5 plus belles truites de l'année jusqu'à présent !

jeudi 22 mai 2014

Vidéo : la mouche en ruisseau

Une petite vidéo, faite par mes soins et avec un matériel peu adapté (donc qualité passable), mais qui illustre bien la pêche en ruisseau telle que je la pratique : un petit ruisseau étroit, des arbres de partout, et des truites qui gobent, gobent, gobent... parce que pratiquement personne ne les pêche à la mouche !





Just a little  home made video with an unfitted camera (bad quality of picture), but that really shows the fly fishing in little streams as I practice it : a narrow stream, trees all over and around, and trouts that rise, rise, rise, because they've quite never been fished with fly !

lundi 19 mai 2014

Persévérance...

Juste une petite vidéo d'une belle fario qui tente de remonter une échelle à poissons sur le Guiers mort, filmée il y a quelque temps déjà...


ou ici : http://vimeo.com/46867394

vendredi 16 mai 2014

Mouche et ruisseaux...


On voit très peu de moucheurs dans les ruisseaux, torrents et autres tributaires… C'est fort dommage (sauf pour les poissons !), car la plupart du temps, même si les poissons sont en général un peu moins gros, c'est dans ce type d'endroit où l'on en a encore un cheptel intéressant. Il n'est pas rare de faire plus d'une dizaine de poissons sur une après-midi.


Mais il est vrai que pratiquer cette pêche dans les ruisseaux boisés et encombrés n'est pas très aisé et demande un minimum d'expérience… et de matériel...

Tout d'abord il faut maîtriser le lancé. En effet on est loin de la pêche à la mouche traditionnelle où le nombre de faux-lancers importe peu et où l'on va pouvoir sortir des dizaines de mètres de soie. La plupart du temps on pêchera « sous la canne », en « roulé »ou « à l'arbalète », mais, quand les contions le permettent, il est possible de sortir 10 à 15 mètres de soie.

J'avoue que dans ces conditions, où l'espace est réduit et les obstacles de tous types omniprésents, le but est que la mouche passe à l'endroit où vous pensez (savez) qu'un poisson se trouve et pour cela on finit par utiliser des types de lancés peu conventionnels qui s'apprennent sur le terrain face aux conditions rencontrées.
Ensuite, bien que cela fasse partie du lancé, mais pas que… il faut être précis. Être capable de faire passer sa mouche dans un espace réduit de quelques centimètres et la contrôler sur une dérive de quelques dizaines de cm. Cela demande de l’entraînement.
Puis la connaissance du milieu et des poissons, comme dans toute pêche est indispensable. On remarque souvent qu'en ruisseaux les éclosions n'ont pas lieux aux mêmes heures, que « pêcher l'eau » en sèche s'avère plus efficace qu'en grande rivière…
Souvent, mais pas toujours, contrairement à ce qu'on pourrait penser, moins un poisson aura d'eau autour de lui, plus il sera enclin à prendre sans se poser trop de questions… on est plus dans l'attaque « réflexe » ou dans l'attaque « vite faut que j'me dépêche mon déjeuner va me filer sous le nez ! ».

Il faut également avoir un peu de connaissances techniques, car en ruisseaux toutes les techniques sont adaptables, de la nymphe au streamer. 



Et enfin il faut avoir le matériel nécessaire. En ce qui me concerne, j'aime les cannes courtes, voire très courtes : 7 pieds maximum, pour soie de 3, flottante. Le bas de ligne aussi est plus court que dans la pêche à la mouche classique, en général le mien fait un peu plus qu'une longueur de canne, de la soie à la pointe. Les mouches en revanche sont les mêmes, sauf les streamers, que je monte plus petits qu'en rivière normale sur des hameçons 10 ou 8.
Dans ces conditions où l'espace manque, l'inconvénient de ces cannes très courtes est le lancé arbalète… forcément… mais au final on arrive vite à trouver des palliatifs (lancé sous la canne, roulé…). Et puis imaginez un peu pêcher avec une 9 pieds, alors qu'on est toujours en train de se faufiler dans la végétation, à travers les branches, les tas de bois… on finit vite par péter un boulon si en plus on ne peut pas lever un peu la canne pour prendre contact avec la mouche ou ferrer sans taper dans les branches au dessus…. 

Pour moi le bon compromis est une canne de la taille du pêcheur.

Je mets un peu à part la pêche en torrents de montagne, généralement plus dégagés et moins encombrés, où la mouche peut également se pratiquer avec une canne bien plus longue (10 pieds, mais toujours avec un petit numéro de soie), pour pêcher derrière les rochers, un peu dans le style du toc.

 

En ruisseaux, la plupart du temps, on va pêcher à vue, sur des poissons visibles qui nymphent ou qui gobent, mais aussi sur des poissons cachés, supposés, que l'on va faire sortir. Quel pied de lancer son streamer juste derrière une grosse pierre, faire prendre le courant à la soie pour que la mouche passe tout contre la pierre et voir derrière son streamer une fusée sombre qui sort de la roche pour aller taper dans la mouche !
 


Dans certains ruisseaux plus profonds (type canal) on peut également pêcher en nymphe « à l'indicateur », « au fil » ou encore « sous la canne ». De même pour le streamer, si la plupart du temps on se contentera d'animer une dérive sur un mètre ou deux, on pourra trouver un grand plat ou un trou dans lequel on pourra stripper pour prendre plaisir à animer son imitation.


L'efficacité de la mouche en ruisseaux n'est plus à prouver, il faut simplement s'équiper correctement et s'armer de patience pour trouver le bon type de lancé qui va permettre de faire passer sa mouche où l'on veut… si possible à proximité d'un poisson !

vendredi 9 mai 2014

Bien bonne Bienne



 
Il reste quelques rivières mythiques dans notre région. Et ce, malgré les pollutions, la mortalité des poissons, le non-intérêt des pouvoirs publics et le manque de politique « intelligente » dans la gestion du milieu naturel et de la pêche.

Malheureusement le Guiers n'en fait plus partie depuis belle lurette… En revanche, l'Ain, le Doubs, la Bienne et quelques autres arrivent encore à nous faire rêver, en tant que pécheur, mais pas que…

Dans ces rivières, où pourtant nombre de pollutions et autres « accidents » déciment chaque année des quantités impressionnantes de poissons (et je rappelle que lors d'une pollution on voit la mortalité des poissons, mais on a un peu tendance à oublier que si les poissons meurent, tout le biotope meurt aussi : végétaux, insectes et invertébrés…) on arrive pourtant à retrouver là une densité de poissons correcte et les très beaux spécimens n'y sont pas rares.

A quoi cela est-il dû ? La rivière en elle-même ? La gestion des appma et autres intervenants locaux et régionaux ?

Certainement un peu des deux.

En effet ces rivières sont de « grandes rivières » au débit important et souvent très longues de la source à la confluence avec un fleuve, et possèdent un grand nombre de tributaires, de bras morts et autres endroits où certains poissons peuvent se réfugier en cas de soucis.

Il faut aussi remarquer que ces rivières sont souvent en no-kill intégral ou avec la permission de garder un seul poisson avec une taille légale revue à la hausse (au moins 35 cm) et de grands efforts sont faits au niveau de la réintroduction de poissons issus de la souche de la rivière et des aménagements du cours d'eau.




Bref ceci dit, venons en à notre sortie sur la Bienne avec Jérôme et son pote Joseph, qui connaît la rivière comme sa poche.

Pour ma part c'est une revanche… 8 ans plus tôt, toujours avec Jé, on avait déjà tenté une excursion de quelques jours sur cette rivière et on s'était « cassé les dents » à cause d'une rivière trop haute, et certainement aussi d'un manque d'expérience et de connaissances à l'époque !

Première vue de la rivière depuis la sortie des gorges… elle a l'air magnifique.

Qu'est-ce que c'est bon pour un pêcheur (même si pour cela il doit faire plus de 2h de route), d'arriver au bord d'une rivière magnifique et « qui pue le poisson » ! se poser sur un pont et en l'espace de 5 mn voir une demie douzaine de poissons de plus de 50 cm en train de nympher nonchalamment sur un lit de graviers.


 

Mais bien entendu, c'est quand on voit le plus les gros poissons qu'on a le moins de chances de les prendre !!!

Nous voilà donc partis sur la rivière, espérant prendre notre revanche sur ces truites qui nous ont tant fait rêver depuis 8 ans.

Le niveau est bas et monte un peu troublant légèrement l'eau dans la journée, les conditions sont idéales, grand soleil le matin, couvert avec des éclaircies et un peu de vent l'après midi. Malgré cela la journée s'avère difficile, quelques très beaux poissons pêchés à vue le matin mais rien qui ne vient secouer la canne. On varie les techniques, nymphe à vue, nymphe au fil, sèche, émergente, streamer…


 

Pas grand-chose ne se passe jusqu'au début du coup du soir, où Joseph nous emmène sur un spot où il juge que des poissons devraient gober.

Arrivés à l'endroit en question, Jé entrevoit tout de suite ce qui lui semble être un gobage, le pêche et sort une belle fario zébrée de 37-38 cm. Super combat, superbe poisson !



 

Là ça y est, les morfondus qu'on était retrouvent le sourire et fî de la fatigue de ces journées de pêche, on se met à y croire ! On remonte un peu et c'est à mon tour d'avoir un doute sur un remou qui pourrait ne pas être dû au courant, je me mets en poste et observe, jé et Joseph remontent un peu plus haut. 5 mn plus tard, plus de doute, c'est bien un poisson. Je le pêche, mais les premiers passages ne sont pas concluants… problème de mouche ou de bas de ligne ???

Commençons par la mouche. J'ai un modèle approchant les éphéméridés qui éclosent (petite crème sur hameçon de 16), mais comme me l'a fait remarquer Joseph, un peu trop fourni. Qu'à cela ne tienne, 4 coup de ciseaux dans le chevreuil et le cul de canard et la mouche est prête. J'essaie. Pas mieux, mais cette fois j'ai confiance en mon modèle de mouche, c'est donc que mon bas de ligne est trop gros (j'étais en fluoro 15 pour pêcher en nymphe juste avant et ai eu la flemme de rajouter une pointe au passage en sèche !). Allez un rajoute une pointe d'1 m de Nylon en 12/00 et on y retourne ! Et cette fois, premier passage, slurp !! ferrage de velours ne sachant trop à quoi m'attendre… le poisson se débat bien, mais je sens tout de suite que ce n'est pas un monstre et la ramène sans trop de mal mais « en kiffant ma race » pour autant !!!

Mise à l'épuisette, le poisson doit faire une bonne trentaine de cm. Bisou, see you next time !



 

Revanche !!!

Mais il y a tout le potentiel pour faire mieux, d'autant que j'ai remarqué un deuxième gobage dans le courant 5m derrière. Je me pose 10 mn après le raffut du combat et laisse la rivière (et moi aussi) se reposer. Je retourne sur mon poste et attaque le second poisson. Premier poser : slurp ! Même ferrage, mais cette fois c'est autrement plus lourd… et le poisson revient vers moi, je le vois passer sur un banc de graviers clairs et vois une superbe truite de plus de 50 cm… mon cœur bat à rompre et la seule chose à laquelle je pense c'est « vas-y mollo, faut pas qu'elle casse... ». Elle continue à me foncer dessus puis s'aperçoit de son erreur ! Et là machine arrière à toute blinde, le poisson traverse complètement la rivière me sortant 5m de soie et une fois contre la berge d'en face, arriva ce qui devait arriver : schtingggggg ! Cassé…

J'ai les boules, mais j'ai le smile ! J'aurais au moins touché un très beau poisson, plus malin que moi !

La nuit commence à tomber et ne connaissant pas du tout la rivière, je décide de redescendre vers la voiture et refaire les coins qu'on avait fait dans l'après-midi, notamment une queue de pool, qui m'avait parue bien prometteuse.

J'arrive à l'endroit pressenti, la luminosité baisse maintenant de minutes en minutes. Le plat est un miroir à part un très léger remous preuve d'un rocher affleurant sur la berge d'en face. Je concentre ma vision sur ce point et 5 secondes après… gobage. Je descends un peu le regard à l'aval et en plein milieu de courant : énorme gobage… je regarde en amont juste au dessus de celui qui venait de gober : autre gobage… trois poissons et il ne reste même plus un quart d'heure de lumière… surtout ne pas casser pour ne pas avoir à refaire un nœud, avec mes yeux pourris et mes lunettes de soleil polarisantes (faudra quand même qu'un jour je pense à prendre mes lunettes de vue avec moi!)…

j'attaque le poisson, un ou deux lancers pour se régler et c'est pendu ! Beau poisson, lourd qui se défend vraiment bien. Elle doit faire dans les 45 cm. J'adore ces truites dodues à la robe dorée, couleur bronze et avec ces bandes verticales sombre et seulement des points noirs et grenat très sombre.

Je ramène le poisson vers la berge à l'épuisette, photos, bisous et à l'eau !

Vite ! je n'y vois déjà plus rien et la truite a complètement dézingué mon bas de ligne, je n'ai pas le choix, je dois en couper au moins 10 cm et remettre ma mouche.




 
Funeste erreur, 10 minutes à essayer de passer le fil dans l’œillet de l'hameçon… une fois le nœud fait je lance, ne vois même pas où ma mouche tombe, je ne distingue même plus le remous du rocher, et pas moyen de pêcher « à l'oreille » car ces poissons là ne font aucun bruit en gobant.

Bon c'est plié, on rentre, mais le cœur et la tête pleins de ces superbes poissons dont on rêve à chaque fois qu'on va à la pêche sur nos rivières « habituelles »...