lundi 28 avril 2014

La pêche aux lavarets à la gambe ou au plombier



Mais ce n'est pas de la pêche à la mouche ???
Non, encore que...
 

Pêche de papi pour certains, pêche de con pour d'autres !

Et pourtant, le moucheur invétéré que je suis, s’octroie de temps à autre, en début de saison, une partie de pêche « à la gambe ».

Alors certes, ce n'est pas très sportif, on est loin des kilomètres de rivières ou de ruisseaux avalés en une journée, on reste absolument immobile dans son bateau, à remonter le plus doucement possible une gambe de 18 mouches terminée par un gros plomb, et on attend qu'un poisson ouvre la gueule, une trentaine de mètres plus bas, sur une de ces 18 minuscules imitations, perdues dans cet immensité d'eau qu'est le lac.

Pourtant c'est un style de pêche que j'affectionne, car cela requiert de la patience, bien entendu, mais surtout de la concentration. Et c'est là où est tout l'intérêt de cette pêche : distinguer la touche. 




En effet on est loin de l'attaque parfois sauvage du brochet ou de la truite. La touche est comme on pourrait dire infinitésimale… une légère tension, le scion qui bouge d'à peine 1mm, un déplacement imperceptible, un léger toc, une sensation de lourdeur ou au contraire la perte de contact avec le plomb… Voilà tout ce qui fait que j'adore cette pêche, et en plus quand il s'agit de remonter un beau lavaret, un omble ou une truite des profondeurs du lac sur ce matériel hyper fin et sensible, vous vous doutez bien que c'est plutôt addictif !


Pour l'essentiel, le matériel se compose d'un canin (courte canne d'1 m, au scion fluorescent et hyper flexible pour détecter le moindre mouvement à peine perceptible), d'un moulinet (ou d'un cadre pour certains) sur laquelle j'ai mis une tresse colorée de 16/00, un écarteur (canne à coup de 5 m avec ce gros anneau en forme de U au sommet, ben oui la gambe fait dans les 8 m au total, alors pour remonter avec un canin d'1m le poisson qui est pris sur la dernière nymphe avant le plomb, faut bien tout ça !) et une épuisette ronde et large aux mailles en fil nylon, bien pratique pour décrocher les nymphes qui se prennent dedans quand on remonte un poisson. Et bien sûr, les gambes, composée au maximum de 18 imitations de chironomes (larves de moustiques qui naissent au fond du lac et entament leur remontée jusqu'à la surface pour se métamorphoser en insecte), montées sur des hameçons de 12 à 18 (moi j'utilise surtout les n° 14 en tout début de saison et du N° 16 à partir du mois d'avril), de coloris allant du rouge au noir en passant par le vert ou le marron. 




Cette année à ce matériel de base j'ai ajouté une « grande canne » de ma confection (réalisée à partir d'une vieille canne à l'anglaise de 5 m et d'un scion de canin ajouté à son extrémité), non pas que cela permette de prendre plus de poissons (encore que), mais cela permet de pêcher avec des mouches de taille et de couleurs différentes pour voir ce qui plaît aux poissons ce jour là… eh oui, un peu comme les truites (le lavaret est d'ailleurs un salmonidé), le poisson sélectionne ce qu'il veut et finit par « refuser » certaines mouches. C'est là où tout l'art du monteur rentre en jeu, monter des mouches que l'on ne trouve pas dans le commerce et qui sont « uniques » sur le lac. Et nombre de fois où l'on était barque à barque avec d'autres pêcheurs cela a fait la différence. 


Toutes ces imitations sont montées à environ 30-40 cm cm de distance, sur du fluorocarbone 16/00, pour pêcher le maximum de hauteur d'eau, car parfois les lavarets sont collés au fond, mais parfois, ils passent 6 ou 7 m au dessus du fond.

C'est là que l'échosondeur prend tout son sens. Certains pourraient penser que « ce n'est pas de la pêche », localiser des poissons et les pêcher, trop facile ??? Qui pourrait me dire que pêcher un gros ombre en nymphe à vue ou une belle truite « n'est pas de la pêche » ? pour moi c'est pareil, ce n'est pas parce qu'on voit un poisson et qu'on lui fait passer une mouche devant le nez qu'il est déjà pendu au bout de la canne ! Ceux qui connaissent la pêche à vue savent de quoi je parle !
Donc l'échosondeur permet dans un premier temps de localiser le poisson et de voir à quelle hauteur il passe au dessus du fond, mais la plupart du temps, ils passent si près du fond qu'on ne peut pas les déceler à l'écho. Dans ces cas là, bien sûr l'expérience joue un rôle primordial, mais l'echosondeur aussi ! Car même s'il ne permet pas de localiser les poissons, il permet de savoir dans combien de fond on se trouve et éventuellement la nature du fond (encombré ou non, mais surtout s'il est vaseux ou caillouteux). 




Les lavarets se déplacent en énormes bancs de dizaines, voire centaines d'individus

en début de saison, pour « paître » goulûment les larves de moustiques au fond du lac à s'en faire péter la panse. Quand on sait qu'ils passent plutôt dans les 26 m que dans les 22 ou les 30, on a intérêt à rechercher un endroit de cette profondeur avec un fond vaseux, plus propice aux éclosions de chiro. Je ne compte plus les fois où je ne voyais aucun poisson à l'écho et où j'ai pris le quota journalier de poissons en quelques heures. 



Voilà donc les bases de la pêche au lavaret à la gambe. Mais j'avoue qu'au delà des lavarets, quand je pêche à cette technique, j'ai toujours l'espoir dans un coin de mon esprit, que le poisson qui va se piquer à ma nymphe ne soit pas un lavaret, mais un omble chevalier, ou encore mieux une grosse truite lacustre… ces coups de ligne sont un peu plus rares, mais ça arrive. C'est d'ailleurs une des raisons qui m'a poussé à rajouter la grande canne cette année. D'un côté je pêche avec mon canin et une gambe de 10 petites imitations de chiro, et de l'autre je laisse statique la grande canne calée au fond et tendue, avec une gambe de 8 imitations dont certaines plus grosses (imitations de plécoptères ou autres) qui, j'ai l'espoir, sauront séduire les salmonidés qui ont des dents !

Pour l'instant que n'ai sorti qu'un bel omble chevalier de 57 cm… mon objectif : sortir une grosse lacustre !




Hier, dimanche 27 avril, j'ai fait une sortie sur le lac qui s'est avérée un peu rude. 10H de pêche pour 5 touches et 3 poissons ! C'est là où on se dit « pêche de con » ! 




Il semble que ce soit la « fin » de la saison, du moins pour moi, car c'est la fin de leurs déplacements en bancs au fond, ils vont commencer à remonter dans les couches d'eau et s'éparpiller… du coup ils seront bien moins faciles à localiser et à prendre. Généralement c'est à cette période que j'arrête, car ensuite c'est plus de la « loterie » que l'expérience ou la technique.

Je préfère passer 10h à traquer des poissons au bord de la rivière, cherchant des spots et des poissons actifs que de rester le cul dans le bateau à cramer en plein soleil !

Voilà, c'est ma pêche du mois de mars-avril…






Et il est vrai que pendant 2 mois, je me gave de ces poissons. Et pas qu'en no-kill ! Je reprends parfois mes atavismes de prédateurs et « casse le cou » de nombreux poissons…

La raison à cela ? Qu'est-ce que c'est bon !

A mon goût, c'est meilleur qu'une truite, il y a peu d'arêtes, et c'est vrai que quand on voit à l'écho des milliers de poissons passer sous le bateau, on a un peu moins de vergogne à en prélever son quota. Et puis cela fait plaisir aux amis et à la famille !




Ma recette du lavaret au barbecue :

C'est comme ça que je le préfère, et on peut guère faire plus simple :

  • Je vide le poisson, sans l'écailler,
  • Je prépare une sorte de farce composée de tomates, beaucoup de feuilles d'oseille, du jus de citron, du persil et autres aromatiques, sel, poivre.
  • Je mets la farce dans le lavarets
  • Sur une feuille d'alu je pose une grosse feuille d'oseille, puis mon lavaret farci par dessus, quelques rondelles de citron par dessus, un trait d'huile d'olive et on met en papillote.
  • A l'avance on aura prévu de mettre quelques patates et patates douces dans la braise (attention, les patates douces cuisent plus rapidement que les pommes de terre!)
  • Puis on met la papillote un bon quart d'heure (selon la taille du poisson ~ 40-45 cm) sur la grille près du feu.

Un régal !

Et en sushis avec de l'omble chevalier bien frais, j'vous raconte même pas !



Et pour finir, juste un petit clin d'oeil : la maison où j'ai habité quand j'étais gamin (au centre en jaune)... Les bons souvenirs arrivent quand même à compenser les moins bons !


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